La Chute

Amateur

Damien s’ennuyait déjà ferme après à peine quelques heures passées dans le village de villégiature de G. Assis sur la plage, il contemplait le fleuve et le ciel de la mi-juillet avec le vague à l’âme. Son père, Adrien, marchait de long en large sur le bord de l’eau, les mains en poche, avec l’allure triste qui lui était maintenant familière était un garçon qui sortait à peine de l’enfance. Il s’ennuyait ferme bien que ce ne fût à peine les premières heures passées dans le village de villégiature de G. Sur la plage, il contemplait le fleuve et le ciel de la mi-juillet avec le vague à l’âme. Son père, Adrien, marchait de long en large sur le bord de l’eau, les mains en poche, avec une allure triste lui aussi : son premier été de veuvage. Seul le petit frère Michel appréciait les lieux et s’amusait, armé de sa pelle et son seau.

Damien faisait dos aux maisons dispersées du village, un snack-bar, un dépanneur attenant à une boulangerie, un hôtel et un motel, et plus loin, la montagne couverte de forêt. Quelques années qu’il n’y avait mis les pieds (la maladie et le décès de sa mère avait occupé les belles saisons passées) et il se demandait maintenant comment il avait bien pu s’ennuyer de cet endroit. Plus haut dans la forêt, un petit chalet rouge perché dans la montagne serait sa prison. Trois semaines à tuer, sans amis, sans télé, ni l’internet ou les autres jeux habituels de la maison, quelle horreur!

Le garçon se retourna vers les voix qui venaient de derrière lui : les Fortier arrivaient, Gilles et Joséphine avec leur fille Lyne. Ce couple passait lui aussi quelques semaines au village.

Les parents fraternisèrent, contents de se revoir après deux ans.

– Un moment, expliquait Joséphine, on pensait que Lyne irait plutôt en voyage en Europe avec une amie et sa famille, mais les plans ont changé…

Damien reconnut Lyne qui se tenait derrière, bien sagement à écouter sa mère et son père donner les dernières nouvelles. Il trouva qu’elle avait beaucoup changé : du même âge que Damien, un visage pâle aux traits très doux, d’abondants cheveux roux lui tombant sur les épaules. Damien ne put s’empêcher d’observer les seins pointus naissants et le pourtour moins filiforme de la silhouette.

Le regard de Lyne s’attacha alors à la physionomie de Damien qu’elle replaça dans ses souvenirs après une seconde d’hésitation. C’était toujours le garçon chétif à l’air timide avec lequel elle avait joué quelquefois parce que sa mère le lui avait demandé. Mais il avait grandi. Ses jambes avaient allongé, son visage aussi. Sa coiffure toujours blonde était rendue rebelle.

Ils échangèrent un salut. Elle s’approcha et, vivement, avança son pied pour écraser celui de Damien. Celui-ci réagit, mais pas assez vite : leurs pieds se touchèrent.

– Ah! je t’ai eu! s’écria-t-elle.

C’était un jeu qu’ils avaient commencé jadis, deux ans auparavant. Une façon de se taquiner entre enfants. Tous deux rougirent, comme pris en faute, honteux de se comporter comme des petits. Mais la glace était brisée, leur amitié reprit instantanément, là ils l’avaient laissée.

Les deux adolescents s’amusèrent à se lancer du sable qu’ils ramassaient à pleines mains. Ils criaient et se couraient après.

– Allez donc vous amuser plus loin! grondèrent les parents.

Ils marchèrent d’un même pas le long des vagues, faisant fuir quelques goélands qui quêtaient une collation plus téméraires.

Lui, délaissant son mutisme habituel, raconta les deux semaines qu’il venait de passer dans le camp de vacances, de son année scolaire qui avait précédé ; elle lui relata son voyage récent à Boston et à New York, les grands magasins, les spectacles et films qu’elle avait vus. Elle l’interrogea sur la mort de sa mère, mais n’insista pas : on voyait que Damien avaient des réticences à se confier, il était en train de se fermer.

Ils revinrent pour retrouver leurs familles qui se préparaient à rentrer. Ils étaient sur le point de se séparer, après s’être donné rendez-vous pour le lendemain, lorsque Damien prit impulsivement la main de Lyne et la tint quelques instants. Sans dire un mot, ils se quittèrent.

Dans leurs autos respectives, ils restèrent pensifs.

Le lendemain fut une belle journée où le soleil et de lourds nuages paresseux se disputaient le ciel bleu. Tôt le matin, lorsque Lyne, vêtue d’une blouse et de jeans courts, frappa à la porte du chalet. Le père de Damien buvait son café à la cuisine, devant l’ordinateur portable ouvert sur la table.

– Eh bien! tu en as fait une trotte pour venir jusqu’ici! Je vais avertir Damien que tu es là.

Ce dernier avait déjà sauté du lit lorsqu’il avait reconnu la voix. Il enfila les mêmes vêtements que le jour précédent en criant qu’il arrivait.

Une brioche à la main, il entraîna Lyne à l’extérieur. En passant par la terrasse, il mit la main sur le seau de son frère.

– Mon père s’est apporté du travail à faire. Si je reste là, il faudra que je m’occupe du bébé toute la journée.

Il proposa une partie de pêche à l’éperlan pour l’après-midi. Il faudrait escort gaziantep kızıl bayan aller chercher des appâts tandis que la marée était basse.

La conversation reprit là où ils l’avaient laissée.

Un attrait nouveau les poussait l’un vers l’autre. Chacun dévorait l’autre des yeux. Lyne aimait son teint hâlé et son aspect masculin encore fragile lui plaisait. Damien ne pouvait détacher ses yeux des bras et des jambes musclés de la jeune fille, de leur blancheur et leur aspect lisse.

Au rivage, ils se déchaussèrent et avancèrent dans la boue que la marée basse avait laissée à découvert. Ils s’y enfoncèrent jusqu’aux mollets, riant et criant. Elle lui lança une motte de glaise, l’atteignit à l’épaule. Il riposta de la même manière.

Soufflant et riant, elle lui nettoya la joue avec la main et lui se laissa faire. Quelques minutes passèrent avant qu’ils se remettent à parler.

Ils soulevèrent les roches une à une, à la recherche de sangsues qu’ils déposaient au fur et à mesure dans le seau. Immanquablement, ils se firent surprendre pas les deux minuscules pinces de l’animal qui s’agitait avec une vigueur étonnante. Damien en trouva une particulièrement grasse et…

– Lyne! attrape ça!

Comme elle se retournait, le ver atterrit sur sa poitrine, dans l’échancrure de la blouse. Le noir luisant de la sangsue contrastait avec la blancheur laiteuse de la peau. Lyne lança un cri d’horreur.

– Ôte-moi ça tout de suite!

Mais un geste incontrôlé de sa part fit tomber la sangsue dans son corsage, déclenchant un relent de panique. Damien se rapprocha, sans oser intervenir.

Celle-ci se déboutonna avec frénésie et écarta les pans de la chemise.

Pour sa part, Damien avait oublié la sangsue. Un petit soutien-gorge cachait à peine le galbe des seins à la peau de porcelaine. Il n’entendait plus ses cris, pris de surprise et d’admiration. Finalement, il baissa le regard, très gêné.

– Regarde, Lyne : par terre!

En effet, la sangsue se tortillait à leurs pieds.

Lyne rougit et se reboutonna, tandis que Damien se donnait une contenance en ramassant la sangsue.

Ils regagnèrent la plage sans ajouter un mot. Lyne refusa son invitation à dîner, car elle devait se nettoyer. Ils se séparèrent sur un rendez-vous pour la fin de l’après-midi, sur le quai. Damien apporterait les deux cannes à pêche.

Le soleil allait bientôt se coucher derrière les montagnes, alors que les nuages commençaient à rosir. La brise se levait. Les pieds pendant au bout du quai, Damien se disait que Lyne ne se présenterait plus, lorsqu’il entendit un pas traîner sur l’asphalte derrière lui.

C’était comme si rien ne s’était passé. Ils reprirent leurs échanges, côte-à-côte, puis épaule contre épaule parce que l’air du large devenait frisquet.

– Tu n’es pas allée en Europe, ça ne te tentait plus? demanda Damien.

– Non, ce n’est pas ça. Une histoire compliquée…

La conversation dévia sur autre chose. Ils tenaient devant eux leurs longues tiges de bambou. En les faisant tourner dans le creux de leurs mains, ils firent descendre le plomb au bout du fil de nylon. Les sangsues disparurent dans l’eau verte. Ils se regardèrent. Elle avait des yeux verts nuancés de gris, et des cils incroyablement longs ; ses joues avaient pris du rose à cause du soleil de la journée. Ses yeux à lui étaient plus bleus.

Ils se serrèrent encore un peu, il osa lui mettre le bras autour des épaules. C’était bon.

La brunante les vit reprendre le chemin de la maison. Le chalet de Lyne avait des murs jaunes et un toit très pointu, il faisait face au fleuve, sur la falaise surplombant la plage. Il la laissa sur le perron.

Le lendemain, avant que la chaleur accablante ne s’abatte sur le village, ils décidèrent de se rendre à la piscine municipale.

Le père de Damien essaya de lui confier la garde de son petit frère, mais le garçon négocia un avant-midi libre.

Le soleil dardait fort déjà : la journée allait être infernale. Une famille s’était installée sur le bord de l’eau bleue entourée de quelques bosquets. La mère faisait sauter son poupon du bord de la piscine dans ses bras. Bientôt le bassin fut libre.

Damien plongea le premier : l’eau glaciale le saisit. Un instant après, il fut éclaboussé par Lyne qui faisait la bombe. Ce furent ensuite des jeux de poursuite, de plongée jusqu’au fond pour retrouver une pièce de monnaie, puis une lutte corps à corps sans merci pour savoir qui noierait l’autre, le tout avec force cris.

Le combat ne détermina pas de gagnant, mais ils restèrent un moment enlacés, haletants et souriants. Lyne enserrait son compagnon avec les jambes : jamais elle n’avait aussi proche physiquement d’un garçon, et cela lui plaisait. Elle résista aux efforts de Damien pour se libérer, alors ce dernier se laissa couler, l’entraînant au fond avec elle. Ils se délièrent et se firent face sous l’eau, les regards entremêlés.

Au grand soulagement des familles maintenant plus nombreuses escort köle bayan gaziantep autour de la piscine, ils sortirent et allèrent étendre leurs serviettes à l’écart, entre deux bosquets. Ils s’étendirent sur le dos, cherchant leur souffle, sourires aux lèvres.

Damien jeta un coup d’œil à la silhouette étendue à côté de lui : petits monts et vallées. Les seins de Lyne pointaient sous le tissu. Lyne suivit son regard, puis fut curieuse de voir le maillot de Damien se gonfler. Elle fit même un geste pour y toucher, mais la main resta suspendue, hésitante. Damien tapa la main tendue :

– Je t’ai eue!

Leurs jeux reprirent : la «main chaude», «pierre-papier-ciseaux». Assis face à face, les mains enserrées, ils luttèrent à qui ferait plier l’autre : le combat fut d’abord en faveur de Lyne, puis Damien reprit peu à peu le dessus. Leurs deux visages se rapprochaient, crispés dans l’effort.

Au moment de céder, Lyne embrassa Damien sur les lèvres, puis se laissa écraser par le poids de l’autre. Ils roulèrent dans le bosquet, aussi surpris de la tournure des événements l’un que l’autre. Ils regardèrent autour d’eux : personne ne s’intéressait à leurs ébats. Aucun des deux n’osa faire le geste de s’essuyer la bouche.

Ils achetèrent un sandwich à la crème glacée qu’ils partagèrent, puis se séparèrent sans promesse de rencontre.

Ce soir-là, ils le passèrent pourtant ensemble, car leurs familles avaient décidé d’un repas commun au chalet de Damien. Les deux adolescents furent chargés de la composition de la salade, et Lyne prit les commandes, transformant en un tournemain Damien en son assistant-esclave très affairé. Elle le questionna sur son expérience de baby-sitting de l’après-midi.

– Cela te tente de le faire avec moi, la prochaine fois? soupira-t-il.

La fin du repas se transporta à l’extérieur où un feu de camp fut préparé en vue d’une partie de guimauves grillées. Chansons et histoires se succédèrent, tandis qu’au bout de chaque branche coupée pour l’occasion, une guimauve brunissait, une autre carbonisait ou encore roulait dans la braise, perdue.

Lyne et Damien s’éclipsèrent dans la forêt silencieuse et noire. Ils cherchèrent les constellations entre le faîte des arbres, espérèrent que d’autres lucioles passent, mais le plus intéressant était d’être en compagnie de cet animal étrange qu’est une personne de l’autre sexe. La voix de Lyne s’éleva dans l’obscurité :

– Est-ce que tu sais que Gilles, ce n’est pas mon père?

Gilles était le conjoint de sa mère. Il avait toujours été là, selon les souvenirs de Damien.

– Ah bon?

– Mes parents ont divorcé et je n’ai jamais plus revu mon père… Damien, je ne te vois plus. Où es-tu?

– Je suis…

Ils entrèrent en collision face à face et s’agrippèrent mutuellement pour ne pas tomber. Les lèvres se touchèrent brièvement. Ils se saisirent encore plus étroitement, mus par une attirance irrépressible. Avoir une masse chaude et mouvante entre les bras, bien collée contre soi, était bizarre et enivrant. Lyne était gênée de sentir ses seins fermes contre la poitrine d’un garçon. Damien rougissait que son membre soit maintenant dur et appuyé contre l’abdomen d’une fille.

Ils furent comme réveillés d’un long rêve, quand des voix s’élevèrent du côté de la maison, les réclamant. La mère de Lyne dit:

– C’est le temps de rentrer.

Gilles ajouta :

– Mais que faisiez-vous donc, dans le bois?

– Ben… rien! on parlait, répondirent-ils à l’unisson, comme une évidence.

Lyne eut un joyeux frisson lorsque Damien enduisit son dos de lotion solaire : le liquide blanc d’abord froid, se réchauffa sous les mains maladroites du garçon. Quelques gouttes tombèrent sur la cuisse de Lyne, qu’il s’empressa d’essuyer.

Ils étaient au milieu du court de tennis. C’est la mère de Lyne qui avait suggéré l’idée le soir précédent: elle les emmènerait au village voisin, les déposerait au terrain de tennis, tandis qu’elle-même renouerait avec le golf en compagnie de son conjoint.

Ils avaient déjà échangé quelques balles. Damien, moins habitué que sa compagne, était rouge et brûlant. Lyne lui essuya la tempe du revers de la main. Ce genre de geste était devenu naturel.

Damien pensa à ce que Gilles, le beau-père de Lyne, avait dit durant le trajet en auto :

– Vous ne devriez pas vous tenir la main. Vous n’êtes pas à l’âge de faire ces choses…

Leurs mains avaient retraité, mais leurs yeux n’en continuaient pas moins à se croiser.

Exténués, couverts de sueurs, les adolescents trouvèrent de l’ombre dans le parc pour s’y étendre, à la recherche de leur souffle. Le soleil, maintenant très haut, était devenu insupportable.

Lyne dit :

– Gilles croit que nous sommes des amoureux. Il a une drôle d’idée, hein?

– Ouais… c’est débile! répondit l’autre en hésitant.

Pour changer de sujet, il se redressa et écrasa du pied celui de Lyne :

– Na! je t’ai eue!

S’ensuivit une bousculade brève. Damien gaziantep kumral escort bayan se trouva dessus, clouant Lyne au sol. Il colla son nez au sien. Les rires fusaient, ceux de Lyne un peu étouffés parce que le garçon l’écrasait de tout son poids et continuait son nouveau jeu. Ils se touchèrent le menton, le front, l’oreille gauche, puis la droite, les sourcils. Pour l’œil, ce fut impossible, mais les cils s’entremêlèrent.

C’est le contact des lèvres qu’espérait Damien : leur rencontre dans l’obscurité de la forêt le soir auparavant avait accaparé ses rêveries jusqu’au sommeil.

Leurs bouches s’immobilisèrent l’une sur l’autre. Leurs pensées s’entremêlèrent en silence, pendant que leurs poitrines moulées cherchaient de l’air.

Damien roula sur le côté, avant que son érection ne devienne évidente à sa compagne. Cette dernière demeurait immobile, les yeux rivés au ciel. Sa peau claire et sa chevelure rouge se démarquaient sur l’herbe. Damien s’inquiéta de cet air grave.

– Tu veux que je te prenne en photo? dit-il en retirant son appareil de son étui.

Lyne posa pour son ami debout, assise, étendue, à la manière des mannequins qu’elle les avait vus à la télévision. Ils échangèrent les rôles et elle fit son portrait rapproché, tournant autour de son visage, cherchant un profil, un visage en plongée ou en contre-plongée.

Se retournant tout à coup trop vite, Lyne frappa le front de Damien avec l’objectif.

– Hé! tu vas le briser, dit-il en se frottant la tête. Il lui arracha rageusement l’appareil des mains.

– Tu fais le bébé!

La dispute s’évanouit à l’arrivée des parents. Ils rentrèrent et mangèrent ensemble au casse-croûte du village.

Le temps changea radicalement plus tard dans la journée. La pluie s’abattait maintenant sur le chalet jaune. La chambre de Lyne ayant été aménagée dans les combles, ils jouaient aux cartes sur le lit en écoutant la goutte marteler la toiture. La pièce était étroite et longue ; on ne pouvait s’y tenir debout qu’au centre, dans la ligne du toit.

– Je suis tannée du huit. Paquet voleur, maintenant!

C’était le jeu de carte favori de Damien, celui qu’il avait l’habitude de jouer avec sa mère.

Ils se figèrent tout à coup. On entendait les adultes se disputer. Joséphine disait ne pas comprendre, qu’il n’y avait rien de mal et Gilles répondait qu’elle était aveugle et irresponsable.

Quelques instants plus tard, Joséphine passa la tête par la trappe et dit :

– Évelyne, je pars quelques heures faire des commissions. Tu veux que je t’achète quelque chose en particulier?

– Non, maman. Gilles ne va pas avec toi?

– Il préfère rester ici avec vous. À tout à l’heure! jeta-t-elle avant de redescendre l’échelle.

– Bien, maman.

À plat ventre sur le lit, ils poussèrent des soupirs simultanés et partirent à rire. – Tu t’appelles Évelyne?

– Oui, c’est mon vrai nom. On m’a toujours préféré Lyne.

Elle se plongea dans le bleu de ses yeux ; il contempla ses fossettes de part et d’autre de la bouche rose. Il vit ces lèvres s’approcher des siennes.

Ils s’embrassèrent. D’abord gauchement, puis, se repositionnant, avec plus de détermination. Les cœurs battaient vite. Ils se remirent à respirer, se rappelant qu’ils avaient des nez. Ils échangeaient maintenant le même air.

Lyne s’enhardit, se monta sur lui pour un french-kiss. De surprise, celui-ci faillit se retirer. Les deux langues se lovèrent pour apprendre à se connaître par un doux combat…

– Et puis, qu’est-ce que vous faites?

La tête de Lyne frappa le plafond bas.

– Est-ce qu’il faut que je monte voir? reprit Gilles dont on entendait la voix à l’étage inférieur.

Lyne attaqua :

– Qu’est-ce que tu as à nous espionner? On joue, c’est tout!

Damien avait les yeux exorbités de terreur.

– J’ai préparé une collation. Descendez donc, il ne pleut plus.

Un peu plus tard, ils reprirent possession de leur repère. Les choses allèrent plus vite, dans la peur que Gilles ne revienne.

Sur le lit, ils collèrent leur bouche et poursuivirent leurs explorations.

Leurs mains s’enhardirent. Visage. Cou. Bras. L’extérieur des cuisses. C’était comme si les lutteurs s’évaluaient avant l’assaut. Mais le temps pressait : si Gilles apparaissait maintenant… Était-il encore à la terrasse?

Ils frissonnèrent lorsque la main de Damien se posa sur un sein. Il avait osé.

Lyne ne portait rien sous sa blouse. Elle défit les boutons, tira sur le tissu, replaça la main de Damien. Le contact était doux, presque aérien. La peau était souple et blanche, sauf le bouton rose. Ils se regardèrent, interrogatifs. C’était comme une chasse au trésor : où nous mènerait la prochaine étape?

– Maman disait qu’il faut être sûr de l’autre personne pour faire l’amour…

– Ah? tu crois?…

La main de Lyne alla se déposer directement sur le haut du pantalon du garçon, qui sursauta. C’était dur comme un morceau de bois. Elle tâta doucement, ce qui fit soupirer l’autre. Elle caressa du bout des doigts, et le reste du corps se tendit.

À deux mains maintenant, elle défit le bouton et baissa la braguette. Il fallait faire vite : Gilles… C’était difficile, ça résistait. Damien ne bougeait pas, sidéré.

Le pénis jaillit, pas très gros, mais fier, au garde-à-vous. Pleine de curiosité, elle fit glisser ses doigts le long de la tige pâle. Damien tressaillit. Ses yeux étaient exorbités.

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